Sans-Culotte

La pression démocratique : Société populaires,
Section et Sans-Culotte.
Qu’est-ce qu’un Sans-Culotte ? (1)

 

 Sociétés populaires  et Sans-Cullotte.

D’après une feuille volante de propagande trouvée dans les papiers d’un cadre
actif du militantisme parisien, Jean-baptiste Vingtrinier . ( 2)
« Un sans-culotte, Messieurs les coquin ? C’est un être qui va toujours à pieds, qui n’a point de millions, comme vous voudriez tous en avoir, point de châteaux,
point de valets pour le servir, et qui loge tout simplement avec sa femme et ses enfants. S’il en a, au quatrième ou au cinquième étage…
Le soir il se présente à sa section, non pas poudré, musqué, botté dans l’espoir d’être remarqué de toutes les citoyennes des tribunes, mais bien appuyer. De toute sa
force les bonnes motions, et pulvériser celles qui viennent de la faction abominable des hommes d’état. Au reste, un sans-culotte a toujours son sabre avec fil : pour fendre les oreilles de tous les malveillants. Quelquefois il marche avec sa pique ; mais au premier son de tambour, on le voit partir pour la Vendée, pour l’armée des Alpes, ou pour l’armée du Nord. »
A côté des clubs, des Sociétés populaires voient le jour. Chaque quartier de Paris en possède au moins une.
Ces Sociétés permettent aux « citoyens passif » de participer au débat politique, qui n’est donc plus réservé à une élite et pénètre des couches plus modestes (artisans, boutiquiers …).
Celles-ci s’emparent comme d’un titre d’honneur du sobriquet dont on les a affublées : les Sans-Culottes. leur poids ne cesse de croître au fur et à mesure que le compromis
constitutionnel chancelle. Puis l’opposition Sans-Culotte à Aristocrate favorisera peu à peu son identification à « peuple ».

Le 20 juin 1792 les manifestants défilèrent aux Tuileries sous des bannières proclamant « Vivent les sans-culottes » ; le 10 août 1792, la victoire des sectionnaires unis aux fédérés
sur les forces fidèles au roi, confirmera les Sans-Culottes dans leur rôle majeur et essentiel dans la Révolution. Le débouché naturel des Sociétés populaires est le contrôle des sections parisiennes. Les militants Sans-Culottes tentent de les transformer en pouvoir permanent. Ils y parviennent en 1792. Les sections jouent alors un grand rôle (Juin et Août), chacune contrôlent un bataillon de la garde nationale.

La plume de Hébert dans Le père Duchesne (journal) contribuera à immortalisé les Sans-Culottes. Le mot se répand également dans les départements, en prenant le sens de patriote.

 

Après le 9 thermidor 1794.

Après le 9 thermidor 1794, la dénomination de Sans-Culotte devient peu à peu péjorative pour devenir après des luttes politiques denses, de juillet à décembre1794,
une injure. Fréron, dans son journal l’Orateur du peuple, dirige la réaction contre les Montagnards, les Sans-Culottes, il obtient la fermeture du Club des Jacobin le 19 novembre 1794, tandis que Carrier est guillotiné en décembre.
Pour soutenir les « réacteurs », il embrigade la Jeunesse dorée, élégante et riche, fait matraquer dans la rue les Jacobins au chant du Réveil du peuple : parmi ces Muscadins aux modes extravagantes contraire aux Sans-Culottes, parents d’émigrés ou victime de la terreur, fils de spéculateurs enrichis ou de fournisseurs aux armées, se glissaient de jeunes
royalistes.

La légende noire du Sans-Cullote.

« La légende noire » du Sans-Culotte, grossier, massacreur, inculte l’emporte dès le début de 1795. Les thermidoriens prennent définitivement le pouvoir, après
l’échec des révoltes du 1er Prairial (20 mai 1795) et du 12 Germinal an III (1er avril
1795). Après ces dernières journées, le ressort de la Révolution est brisé. Le Sans-Culottisme était un état d’esprit égalitaire, qui veut des réalisations immédiates, qui déteste les émigrés complices des rois, le feuillantine, les réfractaires, les modérés etc… ; et qui se traduit par des modes : le tutoiement, monsieur remplacé par citoyen, le port du bonnet rouge à cocarde tricolore, de la carmagnole (petit gilet) au lieu de l’habit, du pantalon au lieu de la culotte courte etc…
La révolution Française doit beaucoup aux Sans-Culottes, n’oublions pas !

Bernard Vandeplas

Notes

(1) Pour plus de renseignement voir l’article de Claude Mazauric, dans le Dictionnaire historique de la Révolution Française, d’Albert Soboul, édition PUF, 1989.
(2) Texte anonyme d’avril 1793, conservé dans le dossier Vingternier des archives nationale F7 24775.