Le 26 février 1848, deux jours seulement après l’abdication de Louis-Philippe et la formation du gouvernement provisoire, Philippe Le Bas au comble de son enthousiasme pour le retour tant attendu de la République, procède à ce qu’il désigne lui-même comme « un don patriotique », la cession de 240 volumes concernant la Révolution, à la bibliothèque de la Sorbonne dont il est le Conservateur-administrateur. Parmi ces ouvrages, les œuvres d’Etienne Cabet, de Tissot, de Buchez et Roux, de Louis Blanc, de Laponneraye, Charlotte Robespierre, d’Esquiros, et différents ouvrages concernant Robespierre. Nous trouvons également parmi les volumes cédés les 12 tomes du dictionnaire encyclopédique de l’histoire de France dirigé par Philippe Le Bas lui-même, ce qui atteste la place importante que Le Bas lui-même assignait à la Révolution pour cette encyclopédie. Philippe Le Bas adresse le 6 mars 1848 un courrier à Hyppolite Carnot, alors membre du gouvernement provisoire, chargé de l’enseignement publique : pour lui expliquer le sens de ce don. 

Lettre à Carnot

M. le Ministre, 6 mars 1848

Dans le désir de favoriser autant qu’il est en moi l’étude de l’histoire de la Révolution française, qui désormais ne doit plus être exclue de l’enseignement national, j’ai offert comme don patriotique à la bibliothèque de l’université, 240 volumes que je possédais sur cette époque mémorable, où votre père et le mien ont montré un si honorable dévouement à la cause de la liberté, de l’égalité, et de la fraternité.

Recevez, Monsieur le Ministre, l’assurance de mes sentiments les plus distingués.

brouillon de la lettre de Philippe le Bas à Hyppolyte Carnot du 6 mars 1848

Philippe Le Bas et le Club de la Sorbonne

L’engagement de Philippe Le Bas se retrouve en ce début de la révolution de 1848, dans le mouvement cubliste. Ainsi, le dimanche 12 mars a lieu, à la Sorbonne, la première réunion d’un

club appelé Association pour la discussion des questions qui touchent à l’enseignement national républicain, son président est Philippe Le Bas.

La Revue de l’Instruction publique, (n°108, du 31 mars 1848, p. 1280), relate :

 

Une députation de l’association républicaine pour l’enseignement national, s’est présentée au gouvernement provisoire, et a fait, par l’organe de son président, le citoyen Ph. Le Bas, acte d’adhésion aux institutions républicaines : « L’enseignement, a-t-il dit, aura une grande influence sur les destinées de la République : nous croyons nous rendre utiles en discutant à l’avance les importantes questions d’éducation nationale qui vont être soumises à l’assemblée de nos représentants. M. Barthélemy-Saint-Hilaire, répondant au nom du gouvernement provisoire, a terminé son allocution en ces termes : « L’Assemblée nationale aura beaucoup à faire, et les bons citoyens comme vous lui faciliteront sa tâche, en élaborant à l’avance les questions qu’elle devra discuter. Pour votre part, vous aurez fait ce qu’il dépendra de vous pour que les travaux soient aussi aisés qu’ils seront solides. Le gouvernement provisoire vous loue de vos intentions, et il en attend les plus heureux résultats. ».

Déception de Philippe Le Bas

Mais quelques semaines plus tard l’enthousiasme de Philippe Le Bas semble être

retombé comme en témoigne ce courrier :

Lettre de réprobation de Philippe Le Bas suite au non repect par hyppolite carnot de la parole donnée

Cette lettre de Le Bas est publiée par Stefane-Pol dans La Grande Revue fin 1910 sans précision de date ni de destinataire. Toutefois concernant la date du courrier on peut la situer entre mars et mai 1848, sachant que l’acte de création de cette école fut promulguée le 8 mars 1848 par le gouvernement provisoire, et que son premier concours d’entrée fut organisé en mai et juin 1848. Cette école fut supprimée en Août 1849.

Annexe liste des 240 volumes

Lettre de Philippe Le Bas à Hyppolite Carnot
Philippe Le Bas Liste des 240 volumes (1)
Philippe Le Bas liste des 240 volumes(2)
Philippe Le Bas don des 240 volumes

Téléchargement de la liste des 240 volumes.

 

En fait 236 volumes très exactement : divergence entre la lettre et la liste.