La Révolution semble toujours recommencée au XIX ème siècle. Deux textes pris parmi beaucoup d’autres peuvent encore nous interrogés. Le premier d’Alexis de Tocqueville, extrait des Souvenirs, datant de 1850-1851 et le second de Jules Michelet, extrait de son Histoire de la Révolution Française, sa préface de 1847.

Alexis de Tocqueville

Alexis de Tocqueville écrit : « La monarchie constitutionnelle avait succédé à l’Ancien Régime ; la République, à la monarchie ; à la République, l’Empire ; à l’Empire, la Restauration ; puis était venue la monarchie de Juillet.
Après chacune de ces mutations successives, on avait dit que la Révolution française, ayant achevé ce qu’on appelait présomptueusement son oeuvre, était finie :
on l’avait dit et on l’avait cru.  Hélas ! je l’avais espéré moi-même sous la Restauration, et encore depuis que le gouvernement de la Restauration fut tombé ; et voici la Révolution française recommence, car c’est toujours la même. A mesure que nous allons, son terme s’éloigne et s’obscurcit. »
Pour Alexis de Tocqueville, l’évolution politique de la France depuis 1789 est chaotique, car la Révolution n’est pas finie. Il observe une absence de stabilité qui est due à un non aboutissement de cette Grande Révolution de 1789-1793.
Pourtant Tocqueville, en « aristocrate » n’aime pas la Révolution, mais en analyste il sait que rien ne sera plus comme avant cette Révolution, il faut donc bien qu’elle finissent un jour, pour retrouver cette stabilité qu’il attend de tout ses voeux.
« Tocqueville renonce à la vie politique après le coup d’état de deux décembre 1851 et se consacre à des travaux historique. Il souhaite une démocratie chrétienne,
mais il craint que par la démocratie n’arrivent le despotisme de la majorité . » (1)

Jules Michelet

Jules Michelet écrit : « La Révolution est en nous, dans nos âmes ; au-dehors, elle n’a point de monument. Vivant esprit de la France, où te saisirai-je, site n’est en moi ?
Nos père, il faut le répéter, firent ce qu’il fallait faire alors, commencèrent précisément comme il fallait commencer.
Ils trouvèrent l’arbitraire dans le ciel et sur la terre, et ils commencèrent le droit. Ils trouvèrent l’individu désarmé, nu, sans garantie, confondu, perdu dans une apparence unité, qui n’était qu’une mort commune.
Il fallait, avant toute chose, revendiquer le droit de l’homme si cruellement méconnu, rétablir cette vérité, trop vraie, et pourtant obscurcie. Mais songez donc que, sans ce droit de l’individu qui seul l’a continué,
l’homme n’était pas, n’agissait pas, donc, ne pouvait fraterniser.

C’est au premier moment de la Révolution, au moment où elle proclame le droit de l’individu, c’est alors que l’âme de la France, loin de se resserrer, s’étend, embrasse le monde entier d’une pensée sympathique,
alors qu’elle offre à tous la paix, veut mettre en commun entre tous son trésor, la liberté. »
Pour Michelet, la Révolution est l’âme de la France. Son héritage, les droits de l’Homme, l’égalité, la fraternité entre tout les peuples, donc la paix universelle. Car la Révolution française est pour lui Universelle, voilà le grand héritage de la Révolutionn française.
Un lien unit ces deux documents : la Révolution doit conduire les hommes vers la démocratie, qui sera l’épanouissement de tous. Même si les deux hommes diffèrent  sur la signification et l’aboutissement de la Révolution.
Le processus révolutionnaire doit s’achevait, car elle deviendra dans sa finalité l’âme de la France entrainant lemonde vers la paix universelle.

Bernard Vandeplas.

1) Dictionnaire des noms propres Robert.